Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
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Louisa
Joe
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Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Voyage pour des Enfants
7000 à 7500 kilomètres autour de la France et de la Péninsule Ibérique, en compagnie d'une jument et d'un chien, au profit d'enfants atteints de la leucémie.
Huit mars 99. Karamelle a cinq ans aujourd'hui. C'est cette date qui a été choisie pour entamer cette grande marche parrainée que nous préparons depuis près de deux ans.
J'ai une certaine crainte à me retrouver seule avec un jeune cheval sur les routes et les sentiers. Douro, un malinois de deux ans et demi nous accompagne. Il a été travaillé pour me défendre et j'espère qu'il prendra son rôle au sérieux.
Ce matin, le temps est avec nous. Hier encore, il pleuvait à verse.
Karamelle est étrangement calme. Elle se laisse panser, seller, paqueter sans bouger. Il y a pourtant du monde autour d'elle. Que me réserve-t-elle ?
Il est 11 heures 10 quand je pars enfin. J'ai opté pour de petites étapes en début de voyage, aucun de nous trois n'est entraîné pour un si long périple. Seul Douro a peut-être une meilleure condition physique.
Je dois avouer que j'ai passé ces deux dernières années à
récolter des parrainages qui seront versés à une fondation qui s'occupe des vacances pour enfants atteints de la leucémie.
Je sais que le manque de travail comporte certains risques pour ce voyage, mais je tâcherai de les assumer du mieux que je pourrai.
Les premiers kilomètres seront un vrai calvaire. Le calme étrange de Karamelle tout à l'heure cachait bien quelque chose : bousculades, ruades, excitations, c'est le désordre complet durant deux kilomètres.
L'eau ruisselle le long des chemins profonds et boueux. J'ai parfois l'impression de marcher dans un petit cours d'eau.
Karamelle se calme. Elle marche vite, ce qui m'essouffle dans les montées.
Deux heures dix minutes plus tard, nous arrivons à la première étape. Nous avons parcouru quatorze kilomètres, c'est peu mais c'est prévu ainsi.
Nous passerons la nuit chacun dans notre box, dans une ferme où seul le bruit des chaînes auxquelles sont attachées les vaches perturbe la nuit.
...../.....
kamel : 5 ans, pas musclée, à peine débourrée
Kamel et Audrey, 9 ans
Départ un peu mouvementé !
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
..../.....
Le lendemain, ainsi que les jours suivants, le temps sera au beau fixe. Nous aurons régulièrement dix-huit degrés sur le temps de midi. J'ai le visage et les avant-bras rougis par le soleil, mais Karamelle ne transpire pas.
Je marcherai les quatre premiers jours, puis monterai des petits temps de trot pour la détendre un peu. Sa forme est au zénith au moment du départ, surtout lorsque je quitte un endroit où il y a d'autres chevaux.
J'ai parfois du mal à la faire boire. Elle ne boit que dans des abreuvoirs à vaches. Les prés sont ouverts. J'évite de la laisser boire dans des flaques, sauf si elles sont claires. L'herbe aux abords d'un ruisseau la tente plus que l'eau. Douro, lui, s'en donne à cœur joie dès qu'il y a de l'eau. Il plonge, nage, s'ébroue sur moi et replonge.
Et puis un jour, Karamelle me montrera le côté surprenant de son caractère. Désaltérée à un abreuvoir, nous continuons notre chemin. Je suis étonnée de la voir demander les rênes à nouveau, trois cents mètres plus loin, pour boire dans une flaque dont l'eau semble claire. Je lui laisse allonger le bout du nez, et sans avoir le temps de dire ouf, elle se retrouve couchée dans l'eau (moi encore sur son dos).
Alors là, elle m'a eue. Et puis, elle s'y plaît. Je donne des jambes, mais elle a du mal à se relever avec tout le paquetage ; et pour descendre, j'ai tellement difficile que je trouve plus prudent de rester sur son dos. Après deux tentatives, elle est enfin sur ses quatre pieds.
Ah ! On a l'air frais ! Nous voilà pleines de boue. J'ai une bottine pleine d'eau. Je râle. Karamelle, elle, trouvait çà chouette. Désormais, les flaques, elle les passera au trot soutenu.
Plus loin, je me détendrai en observant un héron faire le beau avec trois buses, au-dessus d'un étang. Des corneilles doivent se chamailler un repas quelconque, à entendre leurs craillements.
Le soir, je serai accueillie, chez qui ? Chez des Belges, pardi ! Je pourrai faire sécher mes bottines.
Cette nuit là, Karamelle sera à l'attache dans une grange.
Marie-Thérèse et Joseph nous reçoivent, Pat, les enfants et un couple d'amis. Nous serons huit à table, à parler de la Belgique et même d'amis communs. Un accueil chaleureux qui fait du bien, qui réchauffe le cœur.
Marie-Thérèse m'offre un filet d'oranges. Mais deux kilos, ça fait lourd à porter (j'ai un petit sac à dos et il est plein). Je partirai avec trois oranges. Autant de jours plus tard, je me rendrai compte combien un simple fruit peut faire tant de bien en ravigotant le corps par son goût mais aussi en rappelant cette soirée passée ensemble.
matériel tout neuf pour cheval tout neuf
et cavalière voyageuse toute neuve !!
Le lendemain, ainsi que les jours suivants, le temps sera au beau fixe. Nous aurons régulièrement dix-huit degrés sur le temps de midi. J'ai le visage et les avant-bras rougis par le soleil, mais Karamelle ne transpire pas.
Je marcherai les quatre premiers jours, puis monterai des petits temps de trot pour la détendre un peu. Sa forme est au zénith au moment du départ, surtout lorsque je quitte un endroit où il y a d'autres chevaux.
J'ai parfois du mal à la faire boire. Elle ne boit que dans des abreuvoirs à vaches. Les prés sont ouverts. J'évite de la laisser boire dans des flaques, sauf si elles sont claires. L'herbe aux abords d'un ruisseau la tente plus que l'eau. Douro, lui, s'en donne à cœur joie dès qu'il y a de l'eau. Il plonge, nage, s'ébroue sur moi et replonge.
Et puis un jour, Karamelle me montrera le côté surprenant de son caractère. Désaltérée à un abreuvoir, nous continuons notre chemin. Je suis étonnée de la voir demander les rênes à nouveau, trois cents mètres plus loin, pour boire dans une flaque dont l'eau semble claire. Je lui laisse allonger le bout du nez, et sans avoir le temps de dire ouf, elle se retrouve couchée dans l'eau (moi encore sur son dos).
Alors là, elle m'a eue. Et puis, elle s'y plaît. Je donne des jambes, mais elle a du mal à se relever avec tout le paquetage ; et pour descendre, j'ai tellement difficile que je trouve plus prudent de rester sur son dos. Après deux tentatives, elle est enfin sur ses quatre pieds.
Ah ! On a l'air frais ! Nous voilà pleines de boue. J'ai une bottine pleine d'eau. Je râle. Karamelle, elle, trouvait çà chouette. Désormais, les flaques, elle les passera au trot soutenu.
Plus loin, je me détendrai en observant un héron faire le beau avec trois buses, au-dessus d'un étang. Des corneilles doivent se chamailler un repas quelconque, à entendre leurs craillements.
Le soir, je serai accueillie, chez qui ? Chez des Belges, pardi ! Je pourrai faire sécher mes bottines.
Cette nuit là, Karamelle sera à l'attache dans une grange.
Marie-Thérèse et Joseph nous reçoivent, Pat, les enfants et un couple d'amis. Nous serons huit à table, à parler de la Belgique et même d'amis communs. Un accueil chaleureux qui fait du bien, qui réchauffe le cœur.
Marie-Thérèse m'offre un filet d'oranges. Mais deux kilos, ça fait lourd à porter (j'ai un petit sac à dos et il est plein). Je partirai avec trois oranges. Autant de jours plus tard, je me rendrai compte combien un simple fruit peut faire tant de bien en ravigotant le corps par son goût mais aussi en rappelant cette soirée passée ensemble.
matériel tout neuf pour cheval tout neuf
et cavalière voyageuse toute neuve !!
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Waaah quelle belle histoire!!! ça doit être vraiment une sacrée expérience que de partir comme ça! C'est magnifique!!!!!
Juste une questions: Tu n'avais pas par hasard raconté ton voyage dans un cheval magazine???
Juste une questions: Tu n'avais pas par hasard raconté ton voyage dans un cheval magazine???
Louisa- Super Mule !
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Age : 31
Localisation : La Neuveville
Date d'inscription : 23/05/2008
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
On attend la suite avec impatience ... ça doit être une expérience assez enrichissante de partir avec un jeune cheval...
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Ya eu, ya eu !! Et y'aura encore !!Louisa a écrit:Juste une questions: Tu n'avais pas par hasard raconté ton voyage dans un cheval magazine???
En fait, je fais un coup de pub
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Elle doit avoir un gêne mulet Karamelle pour se rouler dans les flaques ...
Il faut toujours se méfier du départ ...
Il faut toujours se méfier du départ ...
Sandra- Super Mule !
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Age : 50
Localisation : Montricher, pied du Jura en Suisse
Date d'inscription : 06/06/2007
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
...../.....
J'ai rencontré mes premières vignes après deux jours de sol marécageux, dans la Marne. A cette époque, un champ de vignes ressemble à un champ de piquets de ferraille rouillée, plantés tous les mètres. On y voit à peine le cep. Tout au long des chemins, nous croiserons des "enjambeurs", espèces de ridicules tracteurs, larges, montés sur échasses. Ils broient les morceaux de tailles laissés à terre et forment ainsi un compost naturel.
Nous sommes mercredi. Cela fait dix jours que nous marchons. Karamelle se traîne un peu. Elle est ankylosée, fatiguée. Nous avons parcouru plus de deux cent cinquante kilomètres. Ce n'est pas énorme, mais Karamelle blesse un peu à la sangle, sous le tapis. Il se fait qu'elle n'a pour ainsi dire pas de garrot et pour éviter que tout le paquetage ne tourne, je dois sangler assez fortement. Un début d'échauffement sur ses reins a pu être stoppé grâce à une peau de chamois cousue sous le tapis. Mais à la sangle, je ne peux pas faire grand chose. La blessure sèche la nuit et se rouvre le lendemain. Karamelle a mal. Je ferai une étape de dix-huit kilomètres à pied et m'arrêterai au pays natal de Paul & Camille Claudel, à Ville-en-Tardenois, à hauteur de Reims.
Pat doit me rejoindre avec Gaëlle et Audrey vendredi soir. J'aurais voulu progresser de quelques kilomètres encore durant deux jours et trouver un endroit de repos pour le week-end. Sur les conseils et l'invitation de Jackie, je resterai ici quatre jours. Le temps, je l'espère, de rétablir cette petite blessure. Je sais qu'il vaut mieux être prudente au départ pour pouvoir mieux avancer ensuite. J'en profite pour nettoyer et réparer le matériel (déjà ?).
Durant ces quatre jours, je promènerai Karamelle à la main et la travaillerai en carrière. Il ne faut pas qu'elle oublie le travail que Brigitte & Parelli lui ont enseigné. Cela lui fait du bien et remet les pendules à l'heure. Karamelle reprend la forme.
....../......
Mi-mars 1999 Champagne Ardennes
Mi-mars 1999 Kamel blesse légèrement, fatigue, maigrit, je m'arrête pour 4 jours
J'ai rencontré mes premières vignes après deux jours de sol marécageux, dans la Marne. A cette époque, un champ de vignes ressemble à un champ de piquets de ferraille rouillée, plantés tous les mètres. On y voit à peine le cep. Tout au long des chemins, nous croiserons des "enjambeurs", espèces de ridicules tracteurs, larges, montés sur échasses. Ils broient les morceaux de tailles laissés à terre et forment ainsi un compost naturel.
Nous sommes mercredi. Cela fait dix jours que nous marchons. Karamelle se traîne un peu. Elle est ankylosée, fatiguée. Nous avons parcouru plus de deux cent cinquante kilomètres. Ce n'est pas énorme, mais Karamelle blesse un peu à la sangle, sous le tapis. Il se fait qu'elle n'a pour ainsi dire pas de garrot et pour éviter que tout le paquetage ne tourne, je dois sangler assez fortement. Un début d'échauffement sur ses reins a pu être stoppé grâce à une peau de chamois cousue sous le tapis. Mais à la sangle, je ne peux pas faire grand chose. La blessure sèche la nuit et se rouvre le lendemain. Karamelle a mal. Je ferai une étape de dix-huit kilomètres à pied et m'arrêterai au pays natal de Paul & Camille Claudel, à Ville-en-Tardenois, à hauteur de Reims.
Pat doit me rejoindre avec Gaëlle et Audrey vendredi soir. J'aurais voulu progresser de quelques kilomètres encore durant deux jours et trouver un endroit de repos pour le week-end. Sur les conseils et l'invitation de Jackie, je resterai ici quatre jours. Le temps, je l'espère, de rétablir cette petite blessure. Je sais qu'il vaut mieux être prudente au départ pour pouvoir mieux avancer ensuite. J'en profite pour nettoyer et réparer le matériel (déjà ?).
Durant ces quatre jours, je promènerai Karamelle à la main et la travaillerai en carrière. Il ne faut pas qu'elle oublie le travail que Brigitte & Parelli lui ont enseigné. Cela lui fait du bien et remet les pendules à l'heure. Karamelle reprend la forme.
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Mi-mars 1999 Champagne Ardennes
Mi-mars 1999 Kamel blesse légèrement, fatigue, maigrit, je m'arrête pour 4 jours
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Moi j'ai lu le livre mais je crois que je vais me régaler de nouveau à le relire et avec de nouvelles photos !
merci Joe !
merci Joe !
Emmanuelle- Super Mule !
- Nombre de messages : 1401
Age : 48
Localisation : Basses Alpes (France)
Date d'inscription : 16/05/2007
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
..../....
Lundi, je reprends la route. Contrairement à mes appréhensions, Karamelle ne bouge pas, elle a compris que chaque jour est un nouveau départ.
J'ai trois étapes de prévues à l'avance. Je suis chaque soir étonnée de la chaleur que peuvent donner les gens. Spontanément, je suis souvent invitée à la table de mes hôtes, plus d'une fois j'aurai droit à une douche et à un lit. Les premiers jours, cela me gênait un peu. A présent, je l'accepte mieux.
Lors d'une rencontre, et seulement si je sens les gens interpelés, j'explique la cause de cette marche et de là part une chaîne de solidarité. Souvent le soir, je sais déjà où je serai le lendemain. Si je n'ai pas d'étape prévue, vers 15 heures 30, je demande à l'entrée d'un village si quelqu'un peut héberger Karamelle, et avant la sortie, j'ai un endroit où passer la nuit. Une seule fois, j'ai dû aller au village suivant.
C'est ainsi que je ferai la rencontre de la dame aux quinze chiens si minuscules que Douro lui fait peur, du maire qui vend des moutons aux musulmans qui les égorgeront devant moi, rappelant le sacrifice du fils d'Abraham ; des aberrations de l'autoroute qui traverse les terres de ce fermier lui volant ainsi plus de dix hectares et lui en laissant vingt autres inaccessibles, autoroute qui s'arrête deux cents mètres plus loin, faute de non-continuité à la frontière belge.
Le sol a changé. Nous avons quitté les marais de la Marne, le sol crayeux et argileux de la Champagne. Lorsque j'ai traversé la Marne, sur un petit pont métallique, je me suis étonnée de la voir si verte. J'ai alors compris pourquoi j'ai charrié des kilos de terre collante à mes bottines.
Depuis quelques jours, en me dirigeant vers le Centre, je retrouve un sol comme nous le connaissons chez nous. Gras, par les pluies, mais les chemins sont de vrais boulevards. Plus de vigne, mais des champs de colza, d'orge, de froment. La nature bouge. Les arbres s'éveillent, bourgeonnent ou fleurissent déjà. D'autres dorment encore, attendant un peu plus de soleil. Le sol redevient plat, j'avance plus vite, les temps de trot étant plus longs. Je garde une moyenne de vingt-cinq kilomètres. Le temps est frais mais beau, sur trois semaines je n'aurai dû subir qu'un seul jour de pluie. Karamelle apprend son métier.
Sa seule crainte étant encore les camions et gros tracteurs. J'évite les routes fort encombrées, ce qui m'oblige parfois à des
petits ou plus longs détours.
Nous progressons sur notre route et Douro continue ses éternels allers/retours, imperturbable, sur son interminable promenade.
Première traversée d'un pont au trafic important (sur la Loire)
Douro, infatigable.
Lundi, je reprends la route. Contrairement à mes appréhensions, Karamelle ne bouge pas, elle a compris que chaque jour est un nouveau départ.
J'ai trois étapes de prévues à l'avance. Je suis chaque soir étonnée de la chaleur que peuvent donner les gens. Spontanément, je suis souvent invitée à la table de mes hôtes, plus d'une fois j'aurai droit à une douche et à un lit. Les premiers jours, cela me gênait un peu. A présent, je l'accepte mieux.
Lors d'une rencontre, et seulement si je sens les gens interpelés, j'explique la cause de cette marche et de là part une chaîne de solidarité. Souvent le soir, je sais déjà où je serai le lendemain. Si je n'ai pas d'étape prévue, vers 15 heures 30, je demande à l'entrée d'un village si quelqu'un peut héberger Karamelle, et avant la sortie, j'ai un endroit où passer la nuit. Une seule fois, j'ai dû aller au village suivant.
C'est ainsi que je ferai la rencontre de la dame aux quinze chiens si minuscules que Douro lui fait peur, du maire qui vend des moutons aux musulmans qui les égorgeront devant moi, rappelant le sacrifice du fils d'Abraham ; des aberrations de l'autoroute qui traverse les terres de ce fermier lui volant ainsi plus de dix hectares et lui en laissant vingt autres inaccessibles, autoroute qui s'arrête deux cents mètres plus loin, faute de non-continuité à la frontière belge.
Le sol a changé. Nous avons quitté les marais de la Marne, le sol crayeux et argileux de la Champagne. Lorsque j'ai traversé la Marne, sur un petit pont métallique, je me suis étonnée de la voir si verte. J'ai alors compris pourquoi j'ai charrié des kilos de terre collante à mes bottines.
Depuis quelques jours, en me dirigeant vers le Centre, je retrouve un sol comme nous le connaissons chez nous. Gras, par les pluies, mais les chemins sont de vrais boulevards. Plus de vigne, mais des champs de colza, d'orge, de froment. La nature bouge. Les arbres s'éveillent, bourgeonnent ou fleurissent déjà. D'autres dorment encore, attendant un peu plus de soleil. Le sol redevient plat, j'avance plus vite, les temps de trot étant plus longs. Je garde une moyenne de vingt-cinq kilomètres. Le temps est frais mais beau, sur trois semaines je n'aurai dû subir qu'un seul jour de pluie. Karamelle apprend son métier.
Sa seule crainte étant encore les camions et gros tracteurs. J'évite les routes fort encombrées, ce qui m'oblige parfois à des
petits ou plus longs détours.
Nous progressons sur notre route et Douro continue ses éternels allers/retours, imperturbable, sur son interminable promenade.
Première traversée d'un pont au trafic important (sur la Loire)
Douro, infatigable.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Quatrième semaine, tard dans la soirée, à la lueur de ma torche, je prépare l'itinéraire du lendemain. Une étape de plus de quarante kilomètres pour traverser d'une seule traite la Seine, l'Yonne, une autoroute, trois chemins de fer, une nationale et quelques départementales. Je m'en rendrai mieux compte le lendemain matin, au clair, devant un café. Lorsqu'on m'annoncera qu'en plus la Seine a débordé de son lit, que ma carte date de 1996 et que depuis les sablières ont tout changé, que je devrai longer des routes au trafic important desservant la banlieue parisienne, en semaine, je me demanderai quelle attitude aura Karamelle. Trente-cinq bornes à pied, c'est long, il n'y aura pas de chemin et à cheval, je crains de passer plus de temps dans les fossés à cause des poids lourds que sur la route.
Complices, annuaires, coups de téléphone, je fais une étape de quatorze kilomètres pour me rapprocher de la Seine, passe la nuit dans un centre équestre et Marie-Annick m'emmène en van au-dessous de toutes ces difficultés, évitant ainsi un éventuel accident. Voilà une étape de trente-huit kilomètres vite faite et un demi-jour de repos. D'ici quelques semaines, Karamelle sera plus franche et je l'espère, ne s'effraiera plus de la civilisation bruyante et rapide.
Par l'occasion, j'oblige Douro à se reposer, c'est-à-dire que je le mets à l'attache, sans quoi, il court sans arrêt. D'une étape de vingt-cinq kilomètres, Douro en fait cinquante. Il est endurant, mais malgré tout, il est très nerveux. De plus, comme il mange peu, il doit avoir perdu un ou deux kilos. Il ne m'inquiète pas car je le connais bien. Si Karamelle se dit que le voyage continue, Douro, lui, se dit chaque matin qu'il part pour un petit tour. Il n'a pas encore réalisé que cette promenade sera longue, qu'il faut qu'il s'économise.
Durant cette journée relax au soleil, je mets mes notes à jour, et Christophe, le maréchal-ferrant remet quatre clous à chaque antérieur de Karamelle pour que la ferrure ne bouge pas.
Encore une fois ici, je serai bienvenue. Une heure après notre arrivée, je suis devant un verre de sangria qui précède le déjeuner (dîner pour les Belges).
La jeune fille, ici, travaille à Disney Land Paris. Elle s'occupe des chevaux du spectacle de Buffalo Bill. Sur une semaine, j'ai pu voir trois chevaux de Mario Lurachi, trois chevaux revendus à des particuliers. Le rêve. Des chevaux de cirque, qui connaissent tout ou presque, braves malgré soient entiers.
Ce jour là, à mon grand désarroi, je réalise que j'ai égaré ma gourde. Je dois l'avoir oubliée lors du transport en van. Une petite bouteille bleue en alu, mais qui a tant de valeur pour une journée.
Et elle bouffe encore.....
Complices, annuaires, coups de téléphone, je fais une étape de quatorze kilomètres pour me rapprocher de la Seine, passe la nuit dans un centre équestre et Marie-Annick m'emmène en van au-dessous de toutes ces difficultés, évitant ainsi un éventuel accident. Voilà une étape de trente-huit kilomètres vite faite et un demi-jour de repos. D'ici quelques semaines, Karamelle sera plus franche et je l'espère, ne s'effraiera plus de la civilisation bruyante et rapide.
Par l'occasion, j'oblige Douro à se reposer, c'est-à-dire que je le mets à l'attache, sans quoi, il court sans arrêt. D'une étape de vingt-cinq kilomètres, Douro en fait cinquante. Il est endurant, mais malgré tout, il est très nerveux. De plus, comme il mange peu, il doit avoir perdu un ou deux kilos. Il ne m'inquiète pas car je le connais bien. Si Karamelle se dit que le voyage continue, Douro, lui, se dit chaque matin qu'il part pour un petit tour. Il n'a pas encore réalisé que cette promenade sera longue, qu'il faut qu'il s'économise.
Durant cette journée relax au soleil, je mets mes notes à jour, et Christophe, le maréchal-ferrant remet quatre clous à chaque antérieur de Karamelle pour que la ferrure ne bouge pas.
Encore une fois ici, je serai bienvenue. Une heure après notre arrivée, je suis devant un verre de sangria qui précède le déjeuner (dîner pour les Belges).
La jeune fille, ici, travaille à Disney Land Paris. Elle s'occupe des chevaux du spectacle de Buffalo Bill. Sur une semaine, j'ai pu voir trois chevaux de Mario Lurachi, trois chevaux revendus à des particuliers. Le rêve. Des chevaux de cirque, qui connaissent tout ou presque, braves malgré soient entiers.
Ce jour là, à mon grand désarroi, je réalise que j'ai égaré ma gourde. Je dois l'avoir oubliée lors du transport en van. Une petite bouteille bleue en alu, mais qui a tant de valeur pour une journée.
Et elle bouffe encore.....
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Ton récit me rappelle la joie quand tu trouves quelqu'un le soir qui t'ouvre sa porte, sa grange pour ton équidé et qui comble du bohneur, te prête sa douche...
Je crois que c'est un des plus bel aspect du voyage ...
Karamelle à l'air brave (un cheval qui bouffe quand il peut ), normale quoi...
Je crois que c'est un des plus bel aspect du voyage ...
Karamelle à l'air brave (un cheval qui bouffe quand il peut ), normale quoi...
Sandra- Super Mule !
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Age : 50
Localisation : Montricher, pied du Jura en Suisse
Date d'inscription : 06/06/2007
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Elle l'est aujourd'hui....Sandra a écrit:Karamelle à l'air brave (un cheval qui bouffe quand il peut ), normale quoi...
Dans ce résumé, je ne dis pas tout. Mais Karamelle était une sale bête qui a échappé à l'abattoir.
Pour info : WE Calc en janvier. Si tu as l'occasion de rencontrer quelqu'un qui y vient de Suisse... (j'pousse pas hein, j'informe )
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
je vais essayer de contacter mon ami de Ferreyres , Joseph !!! Pis y'a qui d'autre qui y vient au calc ????
Pis d'abord qui peut venir ??? je pense qu'il faut être membre... mais quels sont les critères ?
Pis d'abord qui peut venir ??? je pense qu'il faut être membre... mais quels sont les critères ?
Sandra- Super Mule !
- Nombre de messages : 1189
Age : 50
Localisation : Montricher, pied du Jura en Suisse
Date d'inscription : 06/06/2007
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Il ne faut pas confondre "être membre du Calc" et "être Calc".Sandra a écrit:Pis d'abord qui peut venir ??? je pense qu'il faut être membre... mais quels sont les critères ?
Pour le premier, rien de plus simple qu'une cotisation annuelle de 20 euros et une charte (statuts) à signer. Est donc membre "qui veut". Par contre : Forums ou rassemblements interdits aux non-membres (un peu normal, hein ! )
Pour le second, les critères sont :
- Voyage en autonomie complète de minimum 6 mois, de minimum 5000 km et dans un autre pays que le sien, avec une seule et même équipe de chevaux. D'autres critères telles les conditions de vie et de santé données aux chevaux de voyages, les côtés étiques etc sont aussi pris en compte.
Le nouveau Calc est "proposé et accepté" par le comité des anciens.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
...../.....
Christophe me fait remarquer, vu les fantaisies de Karamelle, qu'elle n'est pas assez fatiguée. Pour l'étape du lendemain, il me prête des cartes au 1/25000, me trace les chemins et le matin me met sur Karamelle, m'obligeant à rester dessus jusqu'à l'arrivée où il me rejoindra pour le souper.
Avec ses cartes, j'ai l'impression de lire une BD tant c'est facile. De ce fait, j'allonge un peu l'allure, les chemins sont bons. Je serai au rendez-vous en moins de cinq heures. J'ai compris désormais que je peux allonger les étapes. Les blessures sont refermées, les poils repoussent (et de la bonne couleur, SVP !) et Karamelle avance bien. Dorénavant, je ferai une moyenne de trente à quarante kilomètres par jour.
Certaines étapes seront allongées par la bêtise. Trop attentionnée par l'attitude de Karamelle, en quittant Gracay, je me dirige vers la D922 et me tracasse des camions effrayants qui nous frôlent. Je ferai plus de deux kilomètres avant de me rendre compte que je ne suis plus sur ma carte.
Je vérifie ma boussole : idiote que je suis, nous sommes partis vers le nord, dans le mauvais sens. Je prends le premier chemin vers la gauche pour ne pas refaire cette fichue route dans l'autre sens et avance près de deux heures à la boussole avant de me repérer sur ma carte. Je dois avoir fait entre huit et dix kilomètres pour rien. Depuis ce jour, ma boussole pend à mon cou et je la consulte au moindre doute.
Le passage de la Loire se fera sans le moindre mal. J'ai pu fatiguer Karamelle durant quinze kilomètres dans la forêt d'Orléans. C'est le seul endroit, depuis le début du voyage, où je me suis permise de pousser de petits galops. "Petits" car, avec le poids des sacoches, Karamelle a du mal à engager.
Cette nuit là, nous logerons dans un chenil, à l'entrée de la Sologne.
Visite de ma famille : Audrey , 9 ans, teste un épervier lors d'une visite de château
La Sologne, une région difficile. Une région de chasse où les chemins sont barrés, clôturés. La Sologne est le paradis des canards, des grenouilles, des cerfs, daims et chevreuils, mais un paradis clôturé, un paradis de courte durée, probablement d'une saison. Les cultures de maïs, semées en désordre, ne servent qu'à nourrir le gibier. Rien n'est probablement jamais récolté.
La Sologne n'est pas hospitalière pour les cavaliers. Ici, pour faire fortune, il faut vendre des panneaux "Privé" - "Danger" - "Passage interdit" - "Tir à balles". Je profiterai des trois jours du week-end de Pâques pour la traverser vite, en longeant les routes. Je verrai un nombre impressionnant de cervidés dans les sous-bois, mais sur trois jours, j'en verrai six dans les fossés, fauchés par les voitures. Et si je vous confirme que je n'ai longé que le côté droit d'une seule route …!!!
En traversant le Cher, je quitte une région boisée pour une région de culture vraie. Sur quelques jours, les colzas ont pris cinquante centimètres, les froments ont grandi aussi. L'herbe sent bon, les talus sont bordés de petits "coucous" comme on les appelle ici, petites fleurs à clochettes jaunes ou violettes. Les bleuets sont là aussi. Comment une rivière peut-elle séparer ainsi deux mondes si différents ?
La campagne est facile. 34, 38, 39, 43 kilomètres, nous avançons bien. Le terrain est bon. Le 08 avril, après un mois de marche, nous aurons parcouru 745 kilomètres. Une bonne moyenne, si l'on tient compte des petites étapes du départ.
Une seule fois, je n'ai pu trouver de grains pour Karamelle. Foin à volonté, cependant. Il était 21 heures 20 lorsque j'ai trouvé de quoi loger. Il faisait nuit depuis plus d'une demi-heure. J'ai eu honte ce soir là, mais cela remet en question la difficulté de l'improvisation et de l'aventure.
Au fur et à mesure que passent fleuves et rivières, la chaleur arrive, le terrain vallonné et les fermes avec bétail et chevaux disparaissent. On m'annonce chaque jour que plus je descendrai vers le sud, mieux sera l'accueil, mais je doute parfois.
Durant les vacances de Pâques, Patrick m'a rejoint avec les enfants. J'ai fait referrer Karamelle, plus de cinq semaines après le départ. Nous avons étudié les cartes à venir, cartes que j'arrive maintenant à lire et à anticiper avant d'être sur le terrain.
Dans une dizaine de jours, nous serons dans les Landes. Cette région me fait un peu peur. Dans une vingtaine de jours de marche : la frontière espagnole.
Après quatre jours de repos, nous reprenons la route, sous un ciel nuageux qui ne tardera pas à éclater.
Long long long chemin de Charente
Pont à L'Isles Jourdain : 80 mètres de haut, étroit (une ligne de chemin de fer) mais je suis restée de ce côté de la rivière......
Christophe me fait remarquer, vu les fantaisies de Karamelle, qu'elle n'est pas assez fatiguée. Pour l'étape du lendemain, il me prête des cartes au 1/25000, me trace les chemins et le matin me met sur Karamelle, m'obligeant à rester dessus jusqu'à l'arrivée où il me rejoindra pour le souper.
Avec ses cartes, j'ai l'impression de lire une BD tant c'est facile. De ce fait, j'allonge un peu l'allure, les chemins sont bons. Je serai au rendez-vous en moins de cinq heures. J'ai compris désormais que je peux allonger les étapes. Les blessures sont refermées, les poils repoussent (et de la bonne couleur, SVP !) et Karamelle avance bien. Dorénavant, je ferai une moyenne de trente à quarante kilomètres par jour.
Certaines étapes seront allongées par la bêtise. Trop attentionnée par l'attitude de Karamelle, en quittant Gracay, je me dirige vers la D922 et me tracasse des camions effrayants qui nous frôlent. Je ferai plus de deux kilomètres avant de me rendre compte que je ne suis plus sur ma carte.
Je vérifie ma boussole : idiote que je suis, nous sommes partis vers le nord, dans le mauvais sens. Je prends le premier chemin vers la gauche pour ne pas refaire cette fichue route dans l'autre sens et avance près de deux heures à la boussole avant de me repérer sur ma carte. Je dois avoir fait entre huit et dix kilomètres pour rien. Depuis ce jour, ma boussole pend à mon cou et je la consulte au moindre doute.
Le passage de la Loire se fera sans le moindre mal. J'ai pu fatiguer Karamelle durant quinze kilomètres dans la forêt d'Orléans. C'est le seul endroit, depuis le début du voyage, où je me suis permise de pousser de petits galops. "Petits" car, avec le poids des sacoches, Karamelle a du mal à engager.
Cette nuit là, nous logerons dans un chenil, à l'entrée de la Sologne.
Visite de ma famille : Audrey , 9 ans, teste un épervier lors d'une visite de château
La Sologne, une région difficile. Une région de chasse où les chemins sont barrés, clôturés. La Sologne est le paradis des canards, des grenouilles, des cerfs, daims et chevreuils, mais un paradis clôturé, un paradis de courte durée, probablement d'une saison. Les cultures de maïs, semées en désordre, ne servent qu'à nourrir le gibier. Rien n'est probablement jamais récolté.
La Sologne n'est pas hospitalière pour les cavaliers. Ici, pour faire fortune, il faut vendre des panneaux "Privé" - "Danger" - "Passage interdit" - "Tir à balles". Je profiterai des trois jours du week-end de Pâques pour la traverser vite, en longeant les routes. Je verrai un nombre impressionnant de cervidés dans les sous-bois, mais sur trois jours, j'en verrai six dans les fossés, fauchés par les voitures. Et si je vous confirme que je n'ai longé que le côté droit d'une seule route …!!!
En traversant le Cher, je quitte une région boisée pour une région de culture vraie. Sur quelques jours, les colzas ont pris cinquante centimètres, les froments ont grandi aussi. L'herbe sent bon, les talus sont bordés de petits "coucous" comme on les appelle ici, petites fleurs à clochettes jaunes ou violettes. Les bleuets sont là aussi. Comment une rivière peut-elle séparer ainsi deux mondes si différents ?
La campagne est facile. 34, 38, 39, 43 kilomètres, nous avançons bien. Le terrain est bon. Le 08 avril, après un mois de marche, nous aurons parcouru 745 kilomètres. Une bonne moyenne, si l'on tient compte des petites étapes du départ.
Une seule fois, je n'ai pu trouver de grains pour Karamelle. Foin à volonté, cependant. Il était 21 heures 20 lorsque j'ai trouvé de quoi loger. Il faisait nuit depuis plus d'une demi-heure. J'ai eu honte ce soir là, mais cela remet en question la difficulté de l'improvisation et de l'aventure.
Au fur et à mesure que passent fleuves et rivières, la chaleur arrive, le terrain vallonné et les fermes avec bétail et chevaux disparaissent. On m'annonce chaque jour que plus je descendrai vers le sud, mieux sera l'accueil, mais je doute parfois.
Durant les vacances de Pâques, Patrick m'a rejoint avec les enfants. J'ai fait referrer Karamelle, plus de cinq semaines après le départ. Nous avons étudié les cartes à venir, cartes que j'arrive maintenant à lire et à anticiper avant d'être sur le terrain.
Dans une dizaine de jours, nous serons dans les Landes. Cette région me fait un peu peur. Dans une vingtaine de jours de marche : la frontière espagnole.
Après quatre jours de repos, nous reprenons la route, sous un ciel nuageux qui ne tardera pas à éclater.
Long long long chemin de Charente
Pont à L'Isles Jourdain : 80 mètres de haut, étroit (une ligne de chemin de fer) mais je suis restée de ce côté de la rivière......
....../......
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Magnifique chemin ... ça fait rêver. Il est génial ton récit, du pur bonheur
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Après s'être reposés quatre jours, nous repartons, ferrure neuve et gras refait. A la sangle, Karamelle a repris un trou. Elle récupère vite et profite bien.
Nous passons deux jours dans une région très vallonnée entre le Limousin et le Poitou. Des dénivelés de plusieurs dizaines de mètres sur quelques centaines de mètres.
Deux jours à passer de vallées en petites montagnes. Deux jours aussi où probablement ma sacoche droite est légèrement plus lourde que la gauche. Oh ! Pas de beaucoup. Peut-être un kilo (foutu poncho, je ne sais jamais de quel côté le mettre !); Mais trop pour les postérieurs de Karamelle
Le fait de probablement vouloir soulager le postérieur droit, je découvrirai le matin du troisième jour, un début de tendinite sous le jarret gauche. Résultat : 400 FF de frais de véto et huit jours d'équipalazone.
Afin d'éviter le pire, pour les Pyrénées, et sous l'invitation de Anne, nous restons à Availles-Limouzine durant 6 jours.
Encore du gras et un trou de plus de gagné pour Karamelle. Elle ne souffre pas du tout. Durant cette semaine, je la laisse au pré où elle galope sans boiter.
A Availles, je découvrirai le monde de l'élevage, Anne étant étalonnier spécialisée en poneys. J'y verrai aussi les ravages que peut faire la piroplasmose sur un poulain de deux ans, qui je l'espère sera sauvé. Le septième jour, (Dieu l'a voulu ainsi!), le repos sera forcé, mon linge étant bloqué dans la lessiveuse.
La Vienne traversée, je me retrouve aussitôt en Charentes. Une belle région. A nouveau des vignes, déjà en feuilles. Une région de randonneurs. Cette semaine sera facile. Je passe de l'un chez l'autre sur simple coup de fil. Le lundi soir, je sais déjà où je dormirai le vendredi suivant.
"C'est marrant, me dira un tel, tu as le même accent que Martine, elle est belge".
Lorsque j'aurai Martine au téléphone, je me retiendrai de rire pour la comparaison. Martine est néerlandophone, c'est flagrant. (Sans moquerie).
Midi trente. Je m'arrête à l'entrée d'un chemin, pour casser la croûte. L'herbe est abondante. Jamais je ne desselle Karamelle sur le temps de midi. Cela évite les gonfles, et puis pour parfois moins d'une demi-heure, cela ne vaut pas la peine.
J'en ai assez de manger du saucisson, aujourd'hui, j'ai envie de confiture. Dans ma sacoche avant gauche se trouve un shaker plastique où j'y range miel, confiture et autres.
A peine le récipient sorti de la sacoche, je me retrouve les mains collantes.
Et merde ! Le tube de lait concentré s'est déchiré, tout s'est répandu dans la sacoche. Et cela ne date pas d'hier, à voir le fond durci !
J'entame fameusement ma réserve de PQ avant de me mettre à quatre pattes près d'une flaque d'eau pour nettoyer fonte et contenu.
Karamelle broutera plus longtemps ce midi.
Je repars avec le droit de devoir me retenir de besoins naturels pour le restant de la journée et une poubelle relativement conséquente, que je transporterai avec les fourmis, durant plusieurs heures avant de la déposer dans une corbeille, à une aubette de bus. Ironie du sort, le matin même, Claude me faisait part de ses aventures : "Tu connais le coup du tube de lait concentré qui s'écrase dans les sacoches ?" Et moi de répondre : "Non, je l'emballe dans des petits sacs de congélation." Conversation prémonitoire.
Mardi soir, Jacques me demande si je désire les accompagner pour une rando de deux jours. J'hésite. D'abord, je n'ai qu'un petit budget, ensuite, je doute du comportement sociable de Karamelle en groupe. Elle n'a jamais randonné que seule. Je demande l'avis de Patrick qui approuve cette rencontre. Et puis, Jacques insiste.
Nous passons deux jours dans une région très vallonnée entre le Limousin et le Poitou. Des dénivelés de plusieurs dizaines de mètres sur quelques centaines de mètres.
Deux jours à passer de vallées en petites montagnes. Deux jours aussi où probablement ma sacoche droite est légèrement plus lourde que la gauche. Oh ! Pas de beaucoup. Peut-être un kilo (foutu poncho, je ne sais jamais de quel côté le mettre !); Mais trop pour les postérieurs de Karamelle
Le fait de probablement vouloir soulager le postérieur droit, je découvrirai le matin du troisième jour, un début de tendinite sous le jarret gauche. Résultat : 400 FF de frais de véto et huit jours d'équipalazone.
Afin d'éviter le pire, pour les Pyrénées, et sous l'invitation de Anne, nous restons à Availles-Limouzine durant 6 jours.
Encore du gras et un trou de plus de gagné pour Karamelle. Elle ne souffre pas du tout. Durant cette semaine, je la laisse au pré où elle galope sans boiter.
A Availles, je découvrirai le monde de l'élevage, Anne étant étalonnier spécialisée en poneys. J'y verrai aussi les ravages que peut faire la piroplasmose sur un poulain de deux ans, qui je l'espère sera sauvé. Le septième jour, (Dieu l'a voulu ainsi!), le repos sera forcé, mon linge étant bloqué dans la lessiveuse.
La Vienne traversée, je me retrouve aussitôt en Charentes. Une belle région. A nouveau des vignes, déjà en feuilles. Une région de randonneurs. Cette semaine sera facile. Je passe de l'un chez l'autre sur simple coup de fil. Le lundi soir, je sais déjà où je dormirai le vendredi suivant.
"C'est marrant, me dira un tel, tu as le même accent que Martine, elle est belge".
Lorsque j'aurai Martine au téléphone, je me retiendrai de rire pour la comparaison. Martine est néerlandophone, c'est flagrant. (Sans moquerie).
Midi trente. Je m'arrête à l'entrée d'un chemin, pour casser la croûte. L'herbe est abondante. Jamais je ne desselle Karamelle sur le temps de midi. Cela évite les gonfles, et puis pour parfois moins d'une demi-heure, cela ne vaut pas la peine.
J'en ai assez de manger du saucisson, aujourd'hui, j'ai envie de confiture. Dans ma sacoche avant gauche se trouve un shaker plastique où j'y range miel, confiture et autres.
A peine le récipient sorti de la sacoche, je me retrouve les mains collantes.
Et merde ! Le tube de lait concentré s'est déchiré, tout s'est répandu dans la sacoche. Et cela ne date pas d'hier, à voir le fond durci !
J'entame fameusement ma réserve de PQ avant de me mettre à quatre pattes près d'une flaque d'eau pour nettoyer fonte et contenu.
Karamelle broutera plus longtemps ce midi.
Je repars avec le droit de devoir me retenir de besoins naturels pour le restant de la journée et une poubelle relativement conséquente, que je transporterai avec les fourmis, durant plusieurs heures avant de la déposer dans une corbeille, à une aubette de bus. Ironie du sort, le matin même, Claude me faisait part de ses aventures : "Tu connais le coup du tube de lait concentré qui s'écrase dans les sacoches ?" Et moi de répondre : "Non, je l'emballe dans des petits sacs de congélation." Conversation prémonitoire.
Mardi soir, Jacques me demande si je désire les accompagner pour une rando de deux jours. J'hésite. D'abord, je n'ai qu'un petit budget, ensuite, je doute du comportement sociable de Karamelle en groupe. Elle n'a jamais randonné que seule. Je demande l'avis de Patrick qui approuve cette rencontre. Et puis, Jacques insiste.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Le bohneur du paquetage ... et des sacoches... c'est cool de voir que tous les randonneurs vivent des jours plus difficiles...
Sandra- Super Mule !
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Age : 50
Localisation : Montricher, pied du Jura en Suisse
Date d'inscription : 06/06/2007
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Le samedi, Martine nous emmène en van jusqu'à Cognac où je passerai un week-end inoubliable.
Nous parcourrons une cinquantaine de kilomètres sur les deux jours, sans sacoche, sans lire de carte, simplement à bavarder et se raconter nos aventures de randos. De petites pointes de galop aussi, ça fait du bien !
Le soir, après l'explication du but de ce voyage, Jacques proposera de faire une cagnotte. Je suis ennuyée, mais j'accepte pour les enfants. Une somme de près de 1200 FF sera récoltée en quelques minutes. Merci les copains d'un week-end. Cette somme sera versée le lendemain sur le compte de l'Asbl. Elle sera doublée par la Fondation Roi Baudouin. Durant la semaine suivante, je recevrai des dons pour une valeur de 700 FF. Ils suivront le même trajet.
La nuit du samedi, nous danserons et bavarderons jusqu'à près de 4 heures du matin.
Ah ! Quel pied ! Je n'aurai peut-être plus d'ambiance comme celle-là avant longtemps.
Lundi 03 mai, je quitte Martine à 09 heures. Départ de Chamouillac près de Montendre.
Martine m'a montré les chemins à prendre jusqu'au passage du boviduc sous l'autoroute. Les chemins roulent bien, nous trottons souvent.
Il y a un bac à Blaye à 16 heures 30 pour traverser la Gironde. Distance : 36 km. Il faut absolument que je sois là à 16 heures pour embarquer.
Le temps passe. L'après-midi, les chemins deviennent des routes.
A 14 heures, il me reste quinze kilomètres à faire, dont plus ou moins trois en pleine ville, dans la circulation.
J'hésite à continuer. Avec moi sur son dos, Karamelle porte entre 110 et 120 kilos. Mais j'ai l'impression qu'elle sent l'urgence. Est-ce le week-end en Charentes qui l'a réveillée ou ma nervosité qui la stimule?
D'elle-même, elle prend le trot. Je dois lui demander le pas régulièrement pour ne pas la surmener.
15 heures 45 ! Il me reste quatre kilomètres. Il se met à pleuvoir. Je fais encore un kilomètre à cheval sur le bas côté, puis descends lorsque j'arrive à l'entrée de la ville. Les voitures et camions me doublent à une vitesse impressionnante.
16 heures 10. Je vais le rater, c'est sûr, il faut continuer. Je me mets à courir, et avec le poncho, ce n'est pas facile. J'ai le cœur qui bat la chamade, j'ai chaud, je transpire. Régulièrement, je repasse au pas pour reprendre mon souffle.
16 heures 20 ! Je ne sais pas de quel côté je dois aller. Je demande à des personnes qui m'indiquent la route : "En bas, à droite, c'est à deux cents mètres." Bon, deux cents mètres en dix minutes c'est faisable. Oui, mais les mètres à Blaye sont longs.
Je me remets à courir. Si près du but, le rater, c'est trop bête. Karamelle me suit au trot, gentiment.
Dans une ville, paquetées comme nous le sommes, généralement on étonne, mais alors au trot, c'est du jamais vu.
J'allonge la jambe, Douro est deux mètres devant, Karamelle deux derrière.
Lorsque je vois le port, le bac est à quelques mètres de la jetée.
Et merde ! Je l'ai raté. Nous avons couru pour rien. Je râle.
Nous parcourrons une cinquantaine de kilomètres sur les deux jours, sans sacoche, sans lire de carte, simplement à bavarder et se raconter nos aventures de randos. De petites pointes de galop aussi, ça fait du bien !
Le soir, après l'explication du but de ce voyage, Jacques proposera de faire une cagnotte. Je suis ennuyée, mais j'accepte pour les enfants. Une somme de près de 1200 FF sera récoltée en quelques minutes. Merci les copains d'un week-end. Cette somme sera versée le lendemain sur le compte de l'Asbl. Elle sera doublée par la Fondation Roi Baudouin. Durant la semaine suivante, je recevrai des dons pour une valeur de 700 FF. Ils suivront le même trajet.
La nuit du samedi, nous danserons et bavarderons jusqu'à près de 4 heures du matin.
Ah ! Quel pied ! Je n'aurai peut-être plus d'ambiance comme celle-là avant longtemps.
Lundi 03 mai, je quitte Martine à 09 heures. Départ de Chamouillac près de Montendre.
Martine m'a montré les chemins à prendre jusqu'au passage du boviduc sous l'autoroute. Les chemins roulent bien, nous trottons souvent.
Il y a un bac à Blaye à 16 heures 30 pour traverser la Gironde. Distance : 36 km. Il faut absolument que je sois là à 16 heures pour embarquer.
Le temps passe. L'après-midi, les chemins deviennent des routes.
A 14 heures, il me reste quinze kilomètres à faire, dont plus ou moins trois en pleine ville, dans la circulation.
J'hésite à continuer. Avec moi sur son dos, Karamelle porte entre 110 et 120 kilos. Mais j'ai l'impression qu'elle sent l'urgence. Est-ce le week-end en Charentes qui l'a réveillée ou ma nervosité qui la stimule?
D'elle-même, elle prend le trot. Je dois lui demander le pas régulièrement pour ne pas la surmener.
15 heures 45 ! Il me reste quatre kilomètres. Il se met à pleuvoir. Je fais encore un kilomètre à cheval sur le bas côté, puis descends lorsque j'arrive à l'entrée de la ville. Les voitures et camions me doublent à une vitesse impressionnante.
16 heures 10. Je vais le rater, c'est sûr, il faut continuer. Je me mets à courir, et avec le poncho, ce n'est pas facile. J'ai le cœur qui bat la chamade, j'ai chaud, je transpire. Régulièrement, je repasse au pas pour reprendre mon souffle.
16 heures 20 ! Je ne sais pas de quel côté je dois aller. Je demande à des personnes qui m'indiquent la route : "En bas, à droite, c'est à deux cents mètres." Bon, deux cents mètres en dix minutes c'est faisable. Oui, mais les mètres à Blaye sont longs.
Je me remets à courir. Si près du but, le rater, c'est trop bête. Karamelle me suit au trot, gentiment.
Dans une ville, paquetées comme nous le sommes, généralement on étonne, mais alors au trot, c'est du jamais vu.
J'allonge la jambe, Douro est deux mètres devant, Karamelle deux derrière.
Lorsque je vois le port, le bac est à quelques mètres de la jetée.
Et merde ! Je l'ai raté. Nous avons couru pour rien. Je râle.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Bien ,j'attends la suite tranquillement pour déguster pleinement ton récit sans précipitation ,par étape comme tout voyage .
J'ai eu l'occasion d'aller sur le site du CALC et d'en découvrir l'existence et l'esprit ,oserais je dire l'éthique voyage ?(oui j'ai osé )
Je suis réellement admiratif devant les vrai(e)s voyageu(r)s(es) pas tant pour l'exploit physique de leur aventure mais plutot pour leur courage à s'éloigner des critéres sociaux conventionnels -boulot,We, grandes vacances,repas chez mamy ....- puis à reprendre une vie normale ensuite ?
Et j'avoue ma préférence pour les expériences de voyages en Europe, pour ceux /celles qui partent simplement de chez eux avec leur cheval,ânes;mules,à pied, vélo ,kayak etc.. et qui vont loin .
J'ai eu l'occasion d'aller sur le site du CALC et d'en découvrir l'existence et l'esprit ,oserais je dire l'éthique voyage ?(oui j'ai osé )
Je suis réellement admiratif devant les vrai(e)s voyageu(r)s(es) pas tant pour l'exploit physique de leur aventure mais plutot pour leur courage à s'éloigner des critéres sociaux conventionnels -boulot,We, grandes vacances,repas chez mamy ....- puis à reprendre une vie normale ensuite ?
Et j'avoue ma préférence pour les expériences de voyages en Europe, pour ceux /celles qui partent simplement de chez eux avec leur cheval,ânes;mules,à pied, vélo ,kayak etc.. et qui vont loin .
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Joe est partie en vadrouille il y a 3 semaines. 2 ânes bâtés et le chien, je suis actuellement en Meurthe et Moselle.
Il y a une dizaine de jours, j'avais accès au net et je vous avais tapé un long message, expliquant ce voyage.... mais on dirait que j'ai oublié de cliquer sur "envoi".
Ben zut alors !!
Je suis rentrée 2 jours pour Noël. J'ai donc accès à mon ordi. Je vous envoie quelques paragraphes, histoire de me faire pardonner. Pour la suite.... je ne sais pas vraiment. Je rentre au plus tard début avril car la saison recommence.
En attendant, si vous voyez une nana avec deux ânes et un chien le long de la frontière France/Belgique, dites-lui bonjour....
Il y a une dizaine de jours, j'avais accès au net et je vous avais tapé un long message, expliquant ce voyage.... mais on dirait que j'ai oublié de cliquer sur "envoi".
Ben zut alors !!
Je suis rentrée 2 jours pour Noël. J'ai donc accès à mon ordi. Je vous envoie quelques paragraphes, histoire de me faire pardonner. Pour la suite.... je ne sais pas vraiment. Je rentre au plus tard début avril car la saison recommence.
En attendant, si vous voyez une nana avec deux ânes et un chien le long de la frontière France/Belgique, dites-lui bonjour....
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Devant un "stop", il y a quatre voitures qui attendent. Je me renseigne, puis me mets derrière la file. En fait, le bac manœuvre pour accoster. Il est 16 heures 31. Ouf ! S'il était parti à l'heure, je l'aurais raté.
Je n'en peux plus, je dois être rouge écarlate. La pluie se remet à tomber de plus belle. J'étends la bâche sur la selle pour la protéger.
Le bac siffle l'embarquement. Nous montons, les voitures vont d'un côté, à l'avant. Nous, nous restons à l'arrière. Quelques minutes plus tard, les moteurs se mettent en route. Tout vibre, le bac prend le large. Karamelle, que je tiens à la main est inquiète mais raisonnable. Elle observe le large d'un air craintif.
Je la fais reculer d'un pas pour qu'elle ne s'énerve pas en regardant les remous dans l'eau. Après quelques minutes, je l'attache à l'échelle, et lui donne à boire (eh oui ! Il y a même de l'eau !).
La traversée se passe bien. Prix à payer : 60 FF. Karamelle reçoit un ticket pour moto. Quelle comparaison ! Douro, lui ne paye rien.
Après 20 minutes de traversée sous la pluie, j'ai eu le temps de me calmer. Nous descendons à Lamarque Sur le pont, il y a un crottin.
Ce n'est peut-être pas grand chose, mais pour cette petite traversée, j'ai l'impression d'avoir franchi la mer. Je suis heureuse d'être arrivée jusque là.
Sur le parking, j'attache Karamelle. Nous soufflons pendant ¾ heure et je regarde la carte. Au cas où j'aurais dû prendre le bac de 18 heures, avec l'aide des randonneurs de ce week-end, nous avions cherché une étape sûre. Elle se trouve au nord. Nous remontons donc de neuf kilomètres. Tant pis nous les redescendrons demain. Je reste à pied, marchant à l'allure de récupération de Karamelle. Cette journée, nous aurons dépassé les 45 km, dont la moitié certainement à une allure d'endurance. La nuit, Karamelle sera dans un box. Elle mange un peu de foin, puis dors debout. Elle est fatiguée, mais sans bobo. Pourtant, tout au long de la journée, j'ai pensé à sa tendinite : "pourvu que je ne fasse rien de mal".
Après deux heures, je lui donne des granulés et un peu d'orge. Elle mange de bon appétit. Tout va bien. Demain, on attaque les Landes. Du sport aussi, du moins je le pense.
Passage de la gironde avec le bac
Depuis le début de ce voyage, c'est la première région où je cherche, chaque soir, un endroit pour loger le lendemain. Les villages sont espacés de plus de 20 kilomètres. Je dois donc assurer si je ne veux pas marcher 4 ou 5 heures de plus sur ma journée.
Les Landes Girondines sont faciles à traverser. Les chemins sont longs et monotones. Il n'y a que des pins. Des pins et encore des pins. Les croisements sont quasiment à angles droits, la forêt est exploitée et entretenue.
Le long des chemins et pare-feu, il y a, de chaque côté, un fossé rempli d'eau. Deux mois plus tard, ils auraient été à sec. Jamais Karamelle et Douro n'ont eu soif. Douro passe plus de temps à nager ou galoper dans l'eau que sur les pistes.
Karamelle n'aime pas marcher dans l'eau. Durant plusieurs kilomètres, je l'obligerai à passer d'un fossé à l'autre. Le contrebas compliquant quelquefois la chose. J'aimerais qu'elle me fasse plus confiance. Elle n'entre dans l'eau que là où elle estime le fond solide.
Après quelques fossés, je la ferai rentrer dans une eau à travers laquelle elle ne voit rien. J'ai gagné sa confiance pour quelques heures.
Nous passerons huit jours dans les Landes, à ne voir personne de la journée. Pas un chat, rarement un chevreuil. La forêt est calme. Les journées sont longues, chaudes, le terrain sablonneux est lourd. Les étapes dépassent souvent les quarante kilomètres. Pour passer le temps, je chante. Il n'y a que les oiseaux qui s'étonnent.
Habituellement, j'essaye d'éviter les routes, ici, je suis heureuse d'en traverser une, cela prouve que je ne me suis pas égarée.
Après 18 jours de marche sans arrêt, nous attendons Patrick, Gaëlle et Audrey chez Armelle et Roger.
Karamelle est au pré. Douro se repose, il en a besoin.
Les trois dernières étapes étant proches de 50 kilomètres, tout le monde s'en ressent. Après deux jours d'arrêt, je fais referrer de neuf. La ferrure précédente n'aura tenu que quatre semaines et demie. Les fers sont de vraies lames de rasoir mais les pieds ont bien poussé. La journée du 03 mai y aura été pour quelque chose dans l'usure anormale, les cônes de tungstène ayant été chassés un peu fort par le maréchal précédent. Le sable des Landes est également très abrasif : du vrai papier de verre.
Je me fournis des cônes de tungstène et une boîte de clous car en Espagne, paraît-il, on ferre avec des pointes de Paris. Mieux vaut prendre ses précautions.
J'allège le poids de mes sacoches en achetant des sachets de repas lyophilisés. Cela revient cher. Je n'en trouverai pas partout mais, au total, j'ai plus de jours d'indépendance. Tout le paquetage remis en ordre et bien équilibré, nous quittons nos amis d'une semaine, Roger et Armelle, et nous nous dirigeons lentement vers la traversée des Pyrénées.
Je n'en peux plus, je dois être rouge écarlate. La pluie se remet à tomber de plus belle. J'étends la bâche sur la selle pour la protéger.
Le bac siffle l'embarquement. Nous montons, les voitures vont d'un côté, à l'avant. Nous, nous restons à l'arrière. Quelques minutes plus tard, les moteurs se mettent en route. Tout vibre, le bac prend le large. Karamelle, que je tiens à la main est inquiète mais raisonnable. Elle observe le large d'un air craintif.
Je la fais reculer d'un pas pour qu'elle ne s'énerve pas en regardant les remous dans l'eau. Après quelques minutes, je l'attache à l'échelle, et lui donne à boire (eh oui ! Il y a même de l'eau !).
La traversée se passe bien. Prix à payer : 60 FF. Karamelle reçoit un ticket pour moto. Quelle comparaison ! Douro, lui ne paye rien.
Après 20 minutes de traversée sous la pluie, j'ai eu le temps de me calmer. Nous descendons à Lamarque Sur le pont, il y a un crottin.
Ce n'est peut-être pas grand chose, mais pour cette petite traversée, j'ai l'impression d'avoir franchi la mer. Je suis heureuse d'être arrivée jusque là.
Sur le parking, j'attache Karamelle. Nous soufflons pendant ¾ heure et je regarde la carte. Au cas où j'aurais dû prendre le bac de 18 heures, avec l'aide des randonneurs de ce week-end, nous avions cherché une étape sûre. Elle se trouve au nord. Nous remontons donc de neuf kilomètres. Tant pis nous les redescendrons demain. Je reste à pied, marchant à l'allure de récupération de Karamelle. Cette journée, nous aurons dépassé les 45 km, dont la moitié certainement à une allure d'endurance. La nuit, Karamelle sera dans un box. Elle mange un peu de foin, puis dors debout. Elle est fatiguée, mais sans bobo. Pourtant, tout au long de la journée, j'ai pensé à sa tendinite : "pourvu que je ne fasse rien de mal".
Après deux heures, je lui donne des granulés et un peu d'orge. Elle mange de bon appétit. Tout va bien. Demain, on attaque les Landes. Du sport aussi, du moins je le pense.
Passage de la gironde avec le bac
Depuis le début de ce voyage, c'est la première région où je cherche, chaque soir, un endroit pour loger le lendemain. Les villages sont espacés de plus de 20 kilomètres. Je dois donc assurer si je ne veux pas marcher 4 ou 5 heures de plus sur ma journée.
Les Landes Girondines sont faciles à traverser. Les chemins sont longs et monotones. Il n'y a que des pins. Des pins et encore des pins. Les croisements sont quasiment à angles droits, la forêt est exploitée et entretenue.
Le long des chemins et pare-feu, il y a, de chaque côté, un fossé rempli d'eau. Deux mois plus tard, ils auraient été à sec. Jamais Karamelle et Douro n'ont eu soif. Douro passe plus de temps à nager ou galoper dans l'eau que sur les pistes.
Karamelle n'aime pas marcher dans l'eau. Durant plusieurs kilomètres, je l'obligerai à passer d'un fossé à l'autre. Le contrebas compliquant quelquefois la chose. J'aimerais qu'elle me fasse plus confiance. Elle n'entre dans l'eau que là où elle estime le fond solide.
Après quelques fossés, je la ferai rentrer dans une eau à travers laquelle elle ne voit rien. J'ai gagné sa confiance pour quelques heures.
Nous passerons huit jours dans les Landes, à ne voir personne de la journée. Pas un chat, rarement un chevreuil. La forêt est calme. Les journées sont longues, chaudes, le terrain sablonneux est lourd. Les étapes dépassent souvent les quarante kilomètres. Pour passer le temps, je chante. Il n'y a que les oiseaux qui s'étonnent.
Habituellement, j'essaye d'éviter les routes, ici, je suis heureuse d'en traverser une, cela prouve que je ne me suis pas égarée.
Après 18 jours de marche sans arrêt, nous attendons Patrick, Gaëlle et Audrey chez Armelle et Roger.
Karamelle est au pré. Douro se repose, il en a besoin.
Les trois dernières étapes étant proches de 50 kilomètres, tout le monde s'en ressent. Après deux jours d'arrêt, je fais referrer de neuf. La ferrure précédente n'aura tenu que quatre semaines et demie. Les fers sont de vraies lames de rasoir mais les pieds ont bien poussé. La journée du 03 mai y aura été pour quelque chose dans l'usure anormale, les cônes de tungstène ayant été chassés un peu fort par le maréchal précédent. Le sable des Landes est également très abrasif : du vrai papier de verre.
Je me fournis des cônes de tungstène et une boîte de clous car en Espagne, paraît-il, on ferre avec des pointes de Paris. Mieux vaut prendre ses précautions.
J'allège le poids de mes sacoches en achetant des sachets de repas lyophilisés. Cela revient cher. Je n'en trouverai pas partout mais, au total, j'ai plus de jours d'indépendance. Tout le paquetage remis en ordre et bien équilibré, nous quittons nos amis d'une semaine, Roger et Armelle, et nous nous dirigeons lentement vers la traversée des Pyrénées.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
Dimanche 23 mai 1999.
Après notre dernière nuit en France, nous quittons la petite maison à une centaine de mètres d'altitude pour nous lancer cette fois réellement dans la montagne. Eugène m'a expliqué par où passer :
-"Surtout, ne prends pas le chemin des Contrebandiers, si tu ne veux pas péter ta jument".
Un chemin doit me mener jusqu'au GR 10 que je dois emprunter quelque temps, pour me diriger ensuite sur un passage plus facile. A la première bifurcation, je prends à droite, comme Eugène me l'a indiqué sur la carte. Une petite cabane pour les pottoks, petits chevaux sauvages, me sert de repaire une centaine de mètres avant.
Après plusieurs minutes, le chemin se rétrécit fortement en longeant la crête. Nous contournons le versant Est durant quelques kilomètres.
Les rochers se mettent en travers régulièrement.
J'oblige Karamelle à s'arrêter, me laisser le temps de passer, puis passer à son tour, sa longe de quatre mètres détendue.
Nous croisons régulièrement de petits pottoks étonnés, mais non effrayés.
Ils nous regardent, surtout Karamelle avec son attirail.
Au bout de quelque temps, je réalise enfin que les traces de pieds que je croyais ceux de chevaux de randonnée, ne sont que ceux de ce nombre impressionnant de pottoks.
Je me retrouve sur une piste qui, je pense, n'est pas la bonne. Nous sommes égarés.
Plus précisément, pas égarés, car je vois là où je dois arriver, le GR est sur le versant de la montagne opposée, mais nous ne sommes plus du tout sur le bon chemin. Et ce chemin, pas moyen de le retrouver. Je continue donc à marcher vers le sud, visant la vallée. Nous sommes à sept cents mètres d'altitude.
Le brouillard aidant, nous nous retrouvons régulièrement dans l'impossibilité d'avancer, ne voyant plus où mettre pieds, pattes et sabots.
Par petits tronçons, nous progressons, évitant les endroits dangereux, contournant les rochers, écoutant les cloches des chèvres et moutons.
Ca y est, je vois la chaîne des Pyrénées
Pottocks (ou Pottokak) en totale liberté
Après notre dernière nuit en France, nous quittons la petite maison à une centaine de mètres d'altitude pour nous lancer cette fois réellement dans la montagne. Eugène m'a expliqué par où passer :
-"Surtout, ne prends pas le chemin des Contrebandiers, si tu ne veux pas péter ta jument".
Un chemin doit me mener jusqu'au GR 10 que je dois emprunter quelque temps, pour me diriger ensuite sur un passage plus facile. A la première bifurcation, je prends à droite, comme Eugène me l'a indiqué sur la carte. Une petite cabane pour les pottoks, petits chevaux sauvages, me sert de repaire une centaine de mètres avant.
Après plusieurs minutes, le chemin se rétrécit fortement en longeant la crête. Nous contournons le versant Est durant quelques kilomètres.
Les rochers se mettent en travers régulièrement.
J'oblige Karamelle à s'arrêter, me laisser le temps de passer, puis passer à son tour, sa longe de quatre mètres détendue.
Nous croisons régulièrement de petits pottoks étonnés, mais non effrayés.
Ils nous regardent, surtout Karamelle avec son attirail.
Au bout de quelque temps, je réalise enfin que les traces de pieds que je croyais ceux de chevaux de randonnée, ne sont que ceux de ce nombre impressionnant de pottoks.
Je me retrouve sur une piste qui, je pense, n'est pas la bonne. Nous sommes égarés.
Plus précisément, pas égarés, car je vois là où je dois arriver, le GR est sur le versant de la montagne opposée, mais nous ne sommes plus du tout sur le bon chemin. Et ce chemin, pas moyen de le retrouver. Je continue donc à marcher vers le sud, visant la vallée. Nous sommes à sept cents mètres d'altitude.
Le brouillard aidant, nous nous retrouvons régulièrement dans l'impossibilité d'avancer, ne voyant plus où mettre pieds, pattes et sabots.
Par petits tronçons, nous progressons, évitant les endroits dangereux, contournant les rochers, écoutant les cloches des chèvres et moutons.
Ca y est, je vois la chaîne des Pyrénées
Pottocks (ou Pottokak) en totale liberté
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
J'attache Karamelle à un épineux avec sa longue corde, puis pars à la recherche d'un passage éventuel, dans l'épais brouillard. Ensuite, je viens la rechercher.
Arrivés dans la vallée, nous sommes coincés par plusieurs petits ruisseaux filant entre les rochers.
Il a beaucoup plu cette dernière quinzaine. Tout est gorgé d'eau.
Je vise le GR à cinq cents mètres de nous, entre la rocaille.
Douro passe, moi aussi, reste Karamelle.
Par petits bonds, nous avançons, lorsque soudain, Karamelle s'enfonce jusqu'aux genoux dans la boue.
Je n'y comprends rien, je suis sur mes deux pieds, au sec, Douro gambade devant.
Donnant un coup de rein pour sortir, elle bifurque quelque peu sur la gauche, s'enfonçant plus profondément.
Je ne peux que la lâcher, en l'appelant par son surnom :
-"Kamel, Kamel, viens là", espérant qu'elle viendra vers moi.
En faisant demi-tour, la malheureuse reste coincée contre un rocher, couchée dans la boue, les quatre membres ensevelis.
Prise de panique, elle ne bouge plus, respire fort, les yeux fixes.
J'attache Karamelle à un épineux avec sa longue corde, puis pars à la recherche d'un passage éventuel, dans l'épais brouillard
Kamel loin, passages marécageux et rocailleux à la fois, brouillard devant moi !
Je contourne le rocher et la boue, la rejoins par-devant, tente d'attraper sa longe coincée sous elle et l'encourage à se relever.
Trois coups de rein violents seront nécessaires pour qu'elle sorte de là.
Je la caresse, la réconforte. Puis encore tremblante, elle se met à brouter.
Je vérifie si elle n'a pas de bobo, ramasse la bâche déchirée, arrachée par l'effort.
Tout est trempé, plein de boue. Karamelle ne boîte pas, tout va bien.
Nous remontons la vallée afin de trouver un passage moins délicat. Plus d'un kilomètre sera nécessaire pour passer un à un les ruisseaux qui forment ce piège plus bas.
Enfin, nous rejoignons le GR 10.
Nous avons parcouru plus ou moins cinq kilomètres à vol d'oiseau en plus de quatre heures.
Durant trois jours, nous passerons ainsi de vallées à des altitudes variant de sept cents à mille mètres.
Ici, les vaches, les chèvres, moutons, pottokak vivent en totale liberté. Il n'est pas rare de les voir sur les routes entre les voitures.
Sur les chemins, cela implique de réguliers passages de grilles canadiennes, empêchant les animaux de passer sur le territoire d'autrui. Impossible donc pour Karamelle de passer ces grilles sans danger. A côté de chacune de celles-ci, il y a une barrière ou une clôture à ouvrir. Et il y en a quelques-uns sur une journée !!!!
La montagne est dure, la montagne m'impressionne. Cependant, elle est tellement belle. Chaque quart d'heure de marche nous offre un paysage différent. Chaque tournant nous offre une nouvelle photographie. Elle change constamment, douce et sauvage à la fois. Elle chante au rythme des cours d'eau, elle vit au vol des vautours et milans, elle carillonne aussi, au son des cloches des chèvres et moutons.
Je ne me lasse pas de regarder, d'écouter, je m'en mets plein la vue, les oreilles, je photographie de mes yeux et espère ne jamais oublier.
Le troisième jour, je rencontre un fléchage jaune qui s'avèrera être une direction vers Compostelle.
Etant donné que je n'ai aucune carte espagnole, cela semble être le bon filon.
Un fléchage cependant incomplet, qui me mettra souvent dans la panade.
Dans le brouillard ou les nuages, je crois être sur le bon chemin uniquement en devinant une rangée de menhirs plantés le long du ravin, et qui devaient servir à empêcher les pèlerins de l'époque de s'égarer, dans cet endroit qui semble ne jamais recevoir le soleil.
Arrivés dans la vallée, nous sommes coincés par plusieurs petits ruisseaux filant entre les rochers.
Il a beaucoup plu cette dernière quinzaine. Tout est gorgé d'eau.
Je vise le GR à cinq cents mètres de nous, entre la rocaille.
Douro passe, moi aussi, reste Karamelle.
Par petits bonds, nous avançons, lorsque soudain, Karamelle s'enfonce jusqu'aux genoux dans la boue.
Je n'y comprends rien, je suis sur mes deux pieds, au sec, Douro gambade devant.
Donnant un coup de rein pour sortir, elle bifurque quelque peu sur la gauche, s'enfonçant plus profondément.
Je ne peux que la lâcher, en l'appelant par son surnom :
-"Kamel, Kamel, viens là", espérant qu'elle viendra vers moi.
En faisant demi-tour, la malheureuse reste coincée contre un rocher, couchée dans la boue, les quatre membres ensevelis.
Prise de panique, elle ne bouge plus, respire fort, les yeux fixes.
J'attache Karamelle à un épineux avec sa longue corde, puis pars à la recherche d'un passage éventuel, dans l'épais brouillard
Kamel loin, passages marécageux et rocailleux à la fois, brouillard devant moi !
Je contourne le rocher et la boue, la rejoins par-devant, tente d'attraper sa longe coincée sous elle et l'encourage à se relever.
Trois coups de rein violents seront nécessaires pour qu'elle sorte de là.
Je la caresse, la réconforte. Puis encore tremblante, elle se met à brouter.
Je vérifie si elle n'a pas de bobo, ramasse la bâche déchirée, arrachée par l'effort.
Tout est trempé, plein de boue. Karamelle ne boîte pas, tout va bien.
Nous remontons la vallée afin de trouver un passage moins délicat. Plus d'un kilomètre sera nécessaire pour passer un à un les ruisseaux qui forment ce piège plus bas.
Enfin, nous rejoignons le GR 10.
Nous avons parcouru plus ou moins cinq kilomètres à vol d'oiseau en plus de quatre heures.
Durant trois jours, nous passerons ainsi de vallées à des altitudes variant de sept cents à mille mètres.
Ici, les vaches, les chèvres, moutons, pottokak vivent en totale liberté. Il n'est pas rare de les voir sur les routes entre les voitures.
Sur les chemins, cela implique de réguliers passages de grilles canadiennes, empêchant les animaux de passer sur le territoire d'autrui. Impossible donc pour Karamelle de passer ces grilles sans danger. A côté de chacune de celles-ci, il y a une barrière ou une clôture à ouvrir. Et il y en a quelques-uns sur une journée !!!!
La montagne est dure, la montagne m'impressionne. Cependant, elle est tellement belle. Chaque quart d'heure de marche nous offre un paysage différent. Chaque tournant nous offre une nouvelle photographie. Elle change constamment, douce et sauvage à la fois. Elle chante au rythme des cours d'eau, elle vit au vol des vautours et milans, elle carillonne aussi, au son des cloches des chèvres et moutons.
Je ne me lasse pas de regarder, d'écouter, je m'en mets plein la vue, les oreilles, je photographie de mes yeux et espère ne jamais oublier.
Le troisième jour, je rencontre un fléchage jaune qui s'avèrera être une direction vers Compostelle.
Etant donné que je n'ai aucune carte espagnole, cela semble être le bon filon.
Un fléchage cependant incomplet, qui me mettra souvent dans la panade.
Dans le brouillard ou les nuages, je crois être sur le bon chemin uniquement en devinant une rangée de menhirs plantés le long du ravin, et qui devaient servir à empêcher les pèlerins de l'époque de s'égarer, dans cet endroit qui semble ne jamais recevoir le soleil.
Re: Les histoires à Joe : Voyage pour des Enfants
ben dis donc... un cheval pris dans la boue... pô cool !!!
Sandra- Super Mule !
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Age : 50
Localisation : Montricher, pied du Jura en Suisse
Date d'inscription : 06/06/2007
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